mardi 17 décembre 2013

THE LUNCHBOX - CINEMA

J’ai d’abord été attirée par l’affiche qui a rappelé à mon bon souvenir un reportage vu à la télé sur l’incroyable système des Dabbawallahs, ces porteurs de repas de la ville de Mumbai. Des porteurs quasi infaillibles qui arpentent vaillamment et surtout rapidement les rues bondées de cette mégapole indienne pour livrer les repas préparés majoritairement par les femmes depuis le domicile familial à destination des maris exerçant leur fonction à plusieurs kilomètres de leur foyer ou à destination de leurs enfants scolarisés.
 

Le film The Lunchbox, aux allures de documentaire, offre une romance "culino-épistolaire" entre une jeune femme délaissée par son mari et un homme à quelques jours de la retraite qui reçoit un jour, par exceptionnelle erreur, le repas préparé par l’héroïne pour son mari. Débute alors entre les deux protagonistes, une idylle naviguant entre frustrations et désillusions.
The Lunchbox, c’est tout d’abord un voyage en Inde à moindres frais. Le réalisateur nous enveloppe de toutes les senteurs, les bruissements, l’étouffement de la vie citadine indienne. Pendant près de deux heures, il parvient à nous faire oublier le pavé parisien mieux que la 3D en faisant appel à nos sens. Sens qui demeureront en éveil tout au long du film, en émoi à chaque ouverture de la Dabba (fameuse « lunchbox » contenant dans différentes boites métalliques empilées, le repas préparé le matin même), à chaque tentative désespérée de l’héroïne pour séduire de nouveau un mari qui reste sourd à une sensualité exacerbée par tant de retenue.
 
Mais The Lunchbox, c’est aussi nombre de questionnements, d’appels à la réflexion sur :
Ce formidable pied de nez à la mondialisation, à la toute-puissance du numérique, au règne de la docile machine sur l’homme défaillant. J’ai été subjuguée par l’organisation des Dabbawallahs, corporation composée de milliers d’hommes, le plus souvent illettrés, qui livrent avec la plus haute précision chaque jour de nombreux repas aux bons destinataires. Je retiens avec amusement la scène du livreur excédé à l’annonce de l’erreur présumée et qui rappelle à l’héroïne accusatrice que le système auquel il appartient a été marqué du sceau de l’admiration et de toute la reconnaissance des chercheurs de Harvard. L’engagement humain, le sentiment d’appartenance, semblent regarder de haut la puissance pécuniaire.
Une condition féminine en pleine mutation. Dans une société où le statut de la femme oscille entre accès aux hautes fonctions et brimades traditionnelles, les préoccupations de l’héroïne apparaissent encore comme novatrices puisque celle-ci aspire non pas à la sérénité du foyer mais à l’épanouissement personnel.
Une société encore rongée par les inégalités fondées sur l’appartenance aux castes ou les préjugés liés à la couleur de la peau. Une société rongée mais pas vaincue car le réalisateur tient à nous ouvrir les yeux sur les évolutions optimistes.
Après avoir salué la performance des deux acteurs principaux troublants de sincérité, je suis sortie de la salle, émerveillée comme après un long voyage, pleine de questionnements et surtout avec une sacrée envie de… manger indien.

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