mercredi 27 novembre 2013

MOMENT D’INTIMITE AVEC MON RAP

Rap : Pourquoi m’aimes-tu ?

S : Je pense que tu me rappelles mon enfance. Les veillées nocturnes avec mon frère, les dissertations d’Olivier Cachin, les roublardises afin de déroger au couvre-feu parental et pouvoir découvrir tes dernières créations. Je me souviens du jour où tu m’as présentée Mc Solaar dans son clip Bouge de là lors d’une de ces échappées de nuit, bien avant que cette ritournelle n’envahisse la cour d’école. Si les enfants baignent, subissent ou se forgent une culture musicale  aux grés des influences des parents, la mienne a été largement influencée par mon frère dont tu semblais être le seul Dieu et qui très jeune m’a présentée à toi. Dès le premier regard, j’étais conquise.
Rap : Pourtant, je crains que tu ne me sois pas toujours restée fidèle…

S : Tu connais mon goût pour la diversité. Je me suis abandonnée à d’autres pour danser quand je te trouvais trop triste, pour m’amuser quand je te trouvais trop sérieux ou quand tu m’ennuyais. Malgré tout, je suis toujours revenue car seul toi savais me parler, comprendre ma complexité et me détendre quand tu relâchais la pression.
Rap : J’ai pourtant l’impression que tu t’éloignes.

S : (silence). Je ne sais pas…Je ne crois pas. Je pense que je vieillis. Je suis déphasée, peut-être dépassée. Peut-être que je te comprends moins ou que le souvenir de nos bonheurs passés ne m’aide pas à accepter le temps qui passe. Parfois, j’ai l’impression que tu t’égares, tu te perds, tu t’essouffles dans ta course à la gloire ou… à la reconnaissance. Puis, un beau matin, tu parviens encore à me surprendre. C’est pour cela que je suis encore là.
Rap : Tu ne vas pas, toi aussi, me reprocher mon approche plus… « universelle »

S : Loin de moi cette idée. C’est ce qui m’a toujours plu chez toi. Ce subtil mélange de qualités et de ce que certains peuvent voir comme des défauts. Tes transgressions ont toujours été transcendées à mes yeux par tes qualités.
Lorsque tu jouais les arrogants égocentriques, j’étais séduite par les sonorités de ta voix, ton rythme, ton art de manier le verbe. Lorsque tu t’abandonnais à la vulgarité et que parfois tu écorchais mes oreilles féministes par des propos misogynes, je restais fascinée par cette rage mise en musique pour dénoncer un mal être bien plus profond et alimenté par les travers de nos sociétés. Et puis, la provocation offre bien souvent une belle tribune. Mais ce qui a scellé mon amour fidèle restera à jamais ton aisance à manipuler, extraire le pouvoir des mots…Bref, ton amour de la langue française. Certaines de tes réflexions qui ne manquent pas de punch m’ont souvent laissée sans voix. Ceux qui te désignent comme à l’origine d’une « sous-culture » te connaissent bien mal…

Rap : Tu sais que certains nous trouvent mal assortis
S : Pfff. Encore des gens qui ne te connaissent pas et s’arrêtent à ton apparence ou du moins celle que l’on te prête. Devrais-je renier ma féminité pour être en accord avec leurs préjugés…

Rap : Qu’est ce qui te touche encore chez moi ?

Ta fraîcheur, ton engagement pour des causes qui me sont chères, ta manière d’imposer la gravité en toute frivolité ou simplement lorsque tu me fais passer un bon moment.
 

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